18 janvier 2017

Marc et les p’tits bateaux

By In Portrait

À 7 ans, dans sa chambre parisienne, Marc avait deux passions : les bateaux, qu’il passait des heures à regarder sur les pages du Larousse illustré, et ses jouets à lui, uniques, magiques, les noyaux de prunes. « Je les creusais pour leur donner la forme des embarcations du Larousse. Je les disposais en flottilles, comme sur les gravures. Quand ils m’ont vu faire, mes parents ont estimé qu’il fallait exploiter ce talent : puisque j’étais minutieux et patient, j‘étais fait pour l’horlogerie! » Marc est donc devenu horloger. Tout en restant fidèle à ses bateaux : il a navigué dès son adolescence, sur l’Oise d’abord. Et a agrandi son monde en voguant en Manche, en Atlantique, en Méditerranée. Il s’est installé dans le Var, est devenu membre de la SNSM du Lavandou, a acheté un vieux bateau qu’il a retapé entièrement, a passé des journées entières sur l’eau.

Des passionnés

Naviguer, laisser un sillage dans les mers ensoleillées, c’est bien. Mais les noyaux de prune, ça laisse d’autres traces. Profondes, indélébiles. Un beau matin, Marc décide de devenir maquettiste naval, et d’en vivre. Ses clients? Des propriétaires qui veulent une reproduction de leur bateau. Un peu juste pour gagner sa vie. Des amis bretons -il y en a toujours au bord de l’eau- lui conseillent Saint-Malo : « là-bas, m’ont-ils dit, il y a des gens passionnés, et une vraie culture maritime. Ce sera peut-être plus facile… » Il tente un premier voyage. « J’ai exposé à un salon à Dinard. En trois jours, j’ai vendu trois maquettes. Sans hésitation, j‘ai quitté le sud pour la cité corsaire. »

Un chantier miniature

Depuis 17 ans, Marc fabrique et vend ses maquettes dans son atelier-galerie de l’intra-muros. Pointus, frégates, vedettes de sauvetage, bateaux pilotes, thoniers sortent de son chantier miniature. Français de toutes régions ou étrangers, ses clients commandent la maquette de leur bateau, ou sont des passionnés d’un modèle précis : l’Hermione, le Renard, le Pourquoi pas, un Pen duick, le terre-neuvier l’Émeraude, l’Ar Zénith…Le Malouin restaure également les maquettes abimées par le temps et les hommes. « J’ai une clientèle avertie et agréable, avec laquelle j’ai souvent des relations d’amitié, apprécie Marc. Je livre les commandes, en France comme à l’étranger. Ça me permet de prendre l’air 3-4 jours. « 

Maquettite Naval Marc Bougnères

Savoir tout faire

Pour réaliser des répliques de bateaux, c’est simple : il faut être charpentier, menuisier, accastilleur, dessinateur, couturier, teinturier, peintre… Il faut aussi être enquêteur : Marc doit rechercher les plans du Musée de la marine, les notices historiques des navires, les nomenclatures, les photos. Il faut apprendre leur vie, leurs trajets, leur fonction. Imaginer la vie à bord. Et au final, parfois, avec les constructeurs grandeur nature, retrouver ou réinventer les secrets des bateaux anciens, comme le Renard, l’Ar Zenith ou l’Hermione. Pour réaliser la maquette de « la frégate de la liberté », Marc a oeuvré bord à bord avec le malouin Raymond Labbé, maître d’oeuvre du projet, pendant un an.

Finalement, on peut naviguer loin, avec des prunes.

texte : Béatrice ERCKSEN – photos :  Gérard CAZADE

2 commentaires
  1. Rolande Alonso Rave 11 septembre 2017

    Bonjour Béatrice
    Je vous ai rencontré hier au Forum.
    j’ai regardé le blog
    Vous avez raison, regardez les gens, écoutez -les, ils ont souvent quelque chose à raconter, des histoires, des passions, des pépites qui nous enrichissent à Saint-Malo et ailleurs, par la diverse-cité qu’elles révèlent.

    Reply
    • beatrice 11 septembre 2017

      Bonjour Rolande, merci pour ce beau commentaire. Je suis heureuse que notre rencontre d’hier et notre expo vous aient donné envie d’aller visiter notre blog. A très bientôt j’espère… Béatrice

      Reply

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.